Je n’aimerais pas être à la place de notre grande Nawal Moutawakil, tout fraîchement élue vice-présidente du CIO, et qui a toujours été notre fierté. Elle n’y est pour rien, la pauvre, dans cette mascarade, quoique… mais je suis sûr qu’elle va passer un très mauvais quart d’heure. J’espère, au moins, que, 28 ans plus tard, on ne lui fera pas l’affront de lui faire faire un test d’urine. Quant au géantissime Saïd Aouita, lui, n’a pas attendu la fin des JO, pour essayer de se faire entendre, et ça ne date pas d’aujourd’hui. On l’a toujours vu crier à qui ne voulait pas l’écouter que notre sport, et plus précisément notre athlétisme, serait un vrai bazar. Selon lui, il y aurait à boire et à manger, et, bien sûr, aussi, à doper.
Moi, je ne crois pas qu’il nous raconte des bobards. D’abord, ce n’est pas un rigolo, en plus, des comme lui, ça ne court pas les rues. Il nous promet de terribles révélations, aussitôt la flamme olympique éteinte. Perso, je ne m’attends pas à des scoops. D’abord, tout le monde a déjà entendu ce qu’il avait dit avant, mais tout le monde a fermé les yeux. Ensuite, on ne devrait pas trop s’étonner que certains de nos athlètes, trop pressés de devenir très vite célèbres et riches, trichent.
N’oublions pas que nous vivons dans un pays où la supercherie, la friponnerie, la filouterie, sont des sports nationaux. Prenez les examens du bac : chaque année, c’est par milliers qu’on attrape les tricheurs, les truqueurs et autres copier-colleurs, sans que ça ne crée d’immenses émois. La plupart d’entre nous, y compris moi, trouvent ça plus ou moins normal. Et il n’y a pas qu’au bac où on veut réussir sans trop souffrir. Ca nous fait même vachement rigoler. J’ai l’impression que nous autres les Marocains, on se marre toujours des cancres et des malhonnêtes.
Qu’est-ce qu’on raconte comme blagues sur eux ! Pourtant, ce n’est pas tout-à-fait la même chose. Un cancre, le pauvre, il ne fait pas toujours exprès d’être parmi les derniers. Il est né comme ça. Alors, pour voir un peu comment ça se passe dans les premiers rangs, il essaye parfois de s’y faufiler, et n’y arrive presque jamais. Alors que le malhonnête, lui, veut être coûte que coûte premier, même s’il doit se comporter comme le dernier des derniers. Sauf qu’un jour, il se fait prendre…comme un cancre. En attendant, nous avons 4 ans pour réfléchir : faut-il continuer de tricher ou bien faut-il donner une fessée déculottée à tous les tricheurs. A eux de choisir !
Bon week-end les rêveurs et bonne fessée les autres.
(Cette chronique a été publiée dans Aujourd’hui Le Maroc du vendredi 10 août 12)