Même si je n’ai pas l’habitude de me justifier sur ce que je fais, raison pour laquelle je n’ai pas voulu intervenir dans les très nombreux débats qui ont pris place  sur différentes pages et dans lesquels certains se sont non seulement interrogé sur les raisons qui motivent l’aide que j’ai apporté au mouvement du 20 Fevrier mais ont affirmé que cette aide ne pouvait être intéressée et motivé par un future retour sur investissement, puisque maintenant ces questions et  ces accusations se sont déplacé sur ma propre page, je vais tenter d’apporter quelques éléments d réponse.

Oui j’ai apporté une aide matérielle -modeste- au mouvement du 20 Fevrier et elle a concerné des moyens logistiques. J’ai été sollicité pour le faire et si après avoir accepté j’ai requis l’anonymat c’est que dans notre pays hélas les risques de représailles sont bien rééls même s’ils viennent le plus souvent de factions zélées auxquelles en haut lieu on n’a rien demandé, et je pense avoir mon compte d’emmerdements.
Maintenant pourquoi j’ai soutenu le 20 Fevrier? Pour les mêmes raisons qu’il y a 12 ans j’ai soutenu la création d’un réseau d’associations de quartiers à Casablanca, pour les mêmes raisons qu’il y a 10 j’ai financé la création et les débuts de la Banque Alimentaire, pour les mêmes raisons que j’ai financièrement soutenu Transparency Maroc à des moments de difficulté financière, pour les mêmes raisons que j’ai soutenu le mouvement du Printemps de l’égalité au moment de son combat pour la réforme de la Moudawana, pour les mêmes raisons que j’ai soutenu le Boulevard des jeunes musiciens à un moment ou ils n’avaient plus que des dettes, pour les mêmes raisons que je soutiens aujourd’hui le Forum citoyen pour le changement démocratique.
Dans le Maroc aujourd’hui ou la corruption matérielle et morale a tout pourri tout gangréné à commencer par la notion d’engagement citoyen , il paraît tout simplement incroyable  qu’un homme d’affaire puisse aider quelque cause associative, culturelle ou politique que ce soit sans attendre de contreparties, pour de simples raisons de conviction politique. Partant de ce raisonnement réducteur on m’a , depuis dix ans , accusé de toutes les turpitudes et de toutes les visées occultes possibles.
Le Maroc est décidément bien schizphrène, puisque d’un côté on se lamente que ses élites économiques et sa jeunesse ne s’intéressent pas à son avenir, ne s’engagent pas et sont indifférentes à tout, mais que d’un autre côté, lorsqu’une partie de ses élites et de cette jeunesse s’engagent dans une cause on s’empresse de leur prêter les intentions les plus obscures et les plus subversives . 
En ce qui me concerne cette schizophrénie a atteint son paroxysme ces dernières semaines puisque  d’un coté Demain online et Ennahj Addimocrati me traîtent d’agent à la solde du Makhzen , et d’un autre côté le même Makhzen concentre sur  moi les attaques de ses journalistes mercenaires et m’adresse des courriers contenant des menaces à peine voilées au ou je décide de participer à une marche appelée par la 20 Fevrier.
Le plus triste dans tout cela c’est que cette même état d’esprit caractérisé par la suspicion permanente, et la rapidité à accuser , calomnier, et dénigrer a atteint par contagion même des jeunes  qui ont entrepris de faire campagne contre  l’engagement de certains hommes d’affaires juste parce qu’ils sont entachés du péché originel de disposer de moyens financiers.
Pour finir j’aimerai poser à ces prêcheurs de bonne parole et à ces donneurs de leçons une question simple: depuis maintenant quinze ans que je suis engagé sur différents fronts , qu’ai-je économiquement et politiquement gagné en retour? Si "crime" il y a , comment m’a-t-il profité? Quels privilèges exceptionnells m’a-t-on accordé? Quels contrats? Quels postes ministériels?  
Non seulement je n’ai rien gagné mais l’entreprise dont je ne suis qu’un administrateur a souffert dans son image et dans sa réputation du fait des prises de positions d’une personne qui n’est ni son Président ni son principal actionnaire. Le pays dans lequel nous vivons est suffisamment malade pour s’acharner sur un fleuron de son industrie qui emploie plus de 2000 personnes directement et près de 2000 autres indirectement, juste pour punir une personne de ses prises de position. En cinquante ans d’existence , cette entreprise n’a jamais bénéficié d’un terrain de l’état, d’une convention, d’une concession, d’une dérogation que ce soit. 99,99% de son chiffre d’affaire se fait sur des marchés locaux et à l’import  où il règne une concurrence féroce. Moins de 0,1% de ses ventes se font avec l’administration parce qu’elle refuse de souscrire à des pratiques douteuses.
Au moment où la plupart des investisseurs marocains ont fui vers la spéculation boursière, foncière et immobilière, cette entreprise est non seulement restée fidèle à l’industrie mais a maintenu un rythme d’investissement élevé jusqu’à aujourd’hui. Mais tout ça ne lui sert à rien car c’est sur elle qu’on préfère concentrer le tir plutôt que sur celles qui ont bénéficié de privilèges incroyables ou qui se sont repliées sur des activités éminemment rentables et spéculatives. Ma t’dir khir ma y tra bass, c’est en encourageant cette philosophie, cette mentalité et ces valeurs que le Maroc en est arrivé là où il est aujourd’hui. C’est en s’acharnant sur ceux qui veulent , à leur façon, mais honnêtement, sincèrement et sans arrières pensées, servir leur pays et en récompensant ceux qui ne pensent qu’à se servir eux mêmes que le Maroc s’est enfoncer dans cette crise économique, politique et morale qui est la sienne aujourd’hui.