Pour le moment, ce n’est pas le cas. Les luttes de personnes, les positions apparatchiks, ont pris le dessus de manière globale. Au lieu de se saisir des convulsions sociales et du mouvement pour rehausser le niveau de l’offre politique, ils s’en éloignent en privilégiant les trajectoires personnelles. Il y a bien évidemment des nuances à apporter en fonction de chaque parti. Il est évident que le débat, la bataille, au sein de l’USFP est beaucoup plus politique, plus porteur de sens qu’ailleurs. Il n’en demeure pas moins, qu’en décors de ses propositions constitutionnelles, le Tihad n’a pas renouvelé son offre politique.
Le processus de changement à l’intérieur des partis a son rythme que le mouvement social un pacte de manière décisive bien-entendu. Mais il ne faut pas sous-estimer les conservatismes, les résistances et le poids des individus. Or ce processus est aujourd’hui entravé par le calendrier. En annonçant des élections législatives dès l’automne, on freine les changements du sein des partis. Les congrès prévus cet été sont renvoyés aux calendes grecques à cause des « échéances ». En clair, les directions utiliseront les élections et leur préparation comme argument pour résister aux désirs de changement des bases.
Dans ce contexte, il est puéril de croire que la classe partisane réussira sa mise à niveau en quelques semaines, pour nous produire une campagne électorale digne des espoirs attisés par le mouvement du 20 février et le discours du 9 mars.
Ce que l’on oublie c’est qu’il ne s’agit pas d’une simple élection, mais des premières législatives dans le cadre de la nouvelle de la nouvelle constitution. Celle-ci doit consacrer la volonté populaire, renforcer le pouvoir du Parlement et faire émerger un gouvernement des urnes. Tous attendent à ce que ce changement s’accompagne de celui des hommes. Il n’y a pas un seul Marocain qui croit que les députés actuels peuvent assumer la nouvelle étape dans la construction démocratique. Or si les élections ont lieu en septembre, nous risquons d’avoir les mêmes candidatures, les mêmes discours, et probablement le même taux de participation, ce qui serait un échec cuisant. Les partis qui réclament le report ne sont pas dans le tort, ils savent qu’ils ne sont pas prêts. La question qui se pose est simple : veut-on oui ou non des institutions crédibles ? Si oui, il faut reporter les élections pour permettre la maturation du processus interne aux partis.