Le 20 février est un mouvement hétéroclite où des forces centrifuges côtoient des forces centripètes. Une agglomération de revendications constitue la source de la mobilisation. Toutes les revendications ne sont pas légitimes, loin de là. Mais toutes les élites ont pour attitude de caresser le mouvement dans le sens du poil, donnant une impression de panique à bord, mais surtout installant dans les esprits des « droits » qui n’en sont pas. Le pire c’est que des décisions ont été prises dans ce contexte, sans susciter la moindre des réactions, de peur d’être taxés d’anti-démocrate.

La première a précédé les manifestations. Le recrutement des docteurs chômeurs massivement, illégalement puisque sans concours, sans réel besoin ni adéquation des diplômes avec les postes offerts. Par un retour aux vieilles méthodes, les offices et les communes ont été sommés d’en faire de même. On parle de 4000 recrutements à l’OCP par exemple. Seul Abdellatif Jouahri, égal à lui-même, a contesté l’intérêt économique de la direction. Le plus grave c’est qu’on a conforté les jeunes dans l’idée que l’accès à la fonction publique est un droit. Il ne faut pas s’étonner, si en juin, tous les diplômés se donnent rendez-vous devant le Parlement pour réclamer un poste et non pas un emploi. Le coût budgétaire est énorme, pérenne, le coût politique à la limite culturel, est tragique.

La libération des détenus Islamistes a été saluée comme « une journée historique » tous l’ont applaudie, même l’USFP qui a dirigé le ministère de la Justice pendant que les mêmes multipliaient les grèves de la faim. Qu’ils soient libérés ne pose pas de problèmes particuliers. Les « politiques » de l’affaire Belliraj étaient poursuivis pour des actes datant de 1992 et ne les reliant point à une action directe de déstabilisation. En fait, on leur reprochait une non-dénonciation qui est l’attitude normale de tout militant.

Quand aux Salafistes Jihadistes, ils étaient détenus pour avoir incité, fait l’éloge, de la violence contre la société et ses institutions. Ils ont révisé leurs positions, après 8 ans de détention. Il n’y a donc rien de scandaleux à ce qu’ils soient libérés.

Leurs déclarations ont suscité des réactions amusantes des jeunes du 20 février. Certains regrettent d’avoir revendiqué leur libération, d’autres demandent à la justice de les poursuivre, pour les mêmes raisons qui avaient justifié leur détention.

L’amusement ne dure qu’un instant, parce qu’en fait une erreur grossière a été commise par tous les militants de droits de l’homme, sans exception.