Cette fois, il répond au printemps Arabe. Il affirme que les USA se tiendront auprès des peuples contre les dictateurs. Le real politik n’est plus de mise, ou plutôt, elle impose de prendre en compte les nouvelles réalités, celle de peuples luttant pour la liberté et l’émancipation. Or les dictateurs en question sont souvent des alliés inconditionnels de Washington. Le message, le nouveau message c’est que cette « qualité » n’engage pas l’administration Obama en cas de révolte. Washington ne veut pas que le nouveau monde Arabe, qui est entrain d’émerger, se construise contre elle.

Pour cela, Obama sait que la clef est la question palestinienne. L’accord passé entre le Fatah et le Hamas met la pression. Dans un an, des élections auront lieu pour maintenir l’unité palestinienne. Cet accord a été très difficile à obtenir et ce sont les masses palestiniennes qui l’ont imposé. Or si le Hamas sort vainqueur, il n’y a plus de perspective de paix.

L’objectif est donc de ranimer le processus de paix pour renforcer politiquement Abou Mazen. Celui-ci attaché aux négociations, a été décrédibilisé par l’entêtement de Netanyahu. Il ne peut gagner les élections que si des perspectives tangibles apparaissent
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Obama a fait un pas historique. Il est le premier président Américain à parler de l’Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967. Il prône donc la division de Jérusalem, point sur lequel avaient capoté les négociations entre Arafat et Barak sous l’égide de Clinton. La réaction Israélienne, celle du lobby Juif, démontrent la sensibilité de la question. Obama n’a pas les coudées franches et les pressions qu’il peut exercer sur « Israël » n’en sont que plus limitées. Il lui faut un soutien international.

Le rôle du Maroc

La diplomatie Américaine a longtemps fait cavalier seul sur la question du proche orient. L’Europe, le quartet, sont à peine tolérés sur ce dossier, et leurs incursions sont constamment torpillées. Mais cette fois, le président Américain joue gros. Le gouvernement Israélien est tenu par l’extrême droite, les militants pour la paix sont aux abonnés absents. De l’autre côté Hamas s’obstine à refuser les négociations. Si les choses restent en l’état, ce point de fixation subsistera avec son impact sur les opinions arabes. Obama en fait publiquement état. La responsabilité des grandes puissances est donc Obama est obligé de faire un constat : la ligue Arabe n’est plus ! Ce n’est pas par cette structure qu’il peut faire passer sa nouvelle stratégie. Son administration a jeté son dévolu sur le Conseil des pays du Golfe. L’idée de l’élargissement de celui-ci à la Jordanie et au Maroc s’inscrit d’abord dans cette perspective. L’Egypte en pleine effervescence n’est plus à même de jouer un rôle primordial. L’Arabie Saoudite est le parrain de ce que l’on appelle « la proposition arabe », qui propose justement un état palestinien dans les frontières de 67. Le Maroc a joué par le passé un rôle essentiel dans le processus de paix. La crédibilité de Rabat  est intacte sur ce dossier et Obama compte bien s’en servir.

Pressé par le temps, entravé par les lobbys sionistes, il sait que si l’Amérique veut construire des rapports de confiance avec le Monde Arabe, il doit tenir ses promesses. La nouvelle stratégie laisse à penser qu’il veut s’appuyer sur l’opinion internationale pour contraindre à la raison « Israël » et ses appendices américaines. Le pari, est risqué parce que depuis sa création l’Etat hébreu se moque de l’opinion internationale. Bientôt en campagne, le candidat Obama devra composer avec l’influence du lobby juif.

Enfin les événements récents prouvent que 1967 n’est qu’un paravent qui cache mal la raison du conflit. Des réfugiés palestiniens en Syrie ont tenté de pénétrer en « Israël » pour revenir chez eux. Ils étaient dépourvus d’armes et ont été massacrés. Ce sont les petits enfants de ceux qui ont été contraints à l’exil en 1948. Ils étaient sept cent mille, ils sont quatre millions aujourd’hui. Ils ne veulent pas de patrie de rechange, même pas en Cisjordanie ou à Gaza. Ils veulent rentrer chez eux, en « Israël ». Ceci constituerait la fin du rêve raciste de l’Etat juif, obligé alors de se transformer en état bi-national où le one-man one-vote finira par s’imposer. Tant que l’injustice de l’exil n’est pas levée, toute paix restera fragile.

C’est pour cela que la diplomatie marocaine doit évaluer le pour et le contre de son retour en force sur ce dossier.