Les sociétés ont mûri, elles étalent au grand jour leur volonté de s’affirmer comme acteurs à part entière dans l’édification de leur destin. Il ne s’agit pas d’un pur phénomène de contagion. Hier, elles ont vu d’autres sociétés entrer de plain-pied dans la modernité sans pouvoir leur emboîter le pas. Aujourd’hui, alors que l’on ne s’y attendait guère, elles se montrent intraitables et pressées quant à leur besoin de démocratie et de dignité.
L’observateur découvre, ahuri, le peuple libyen, qu’il pensait archaïque, faire preuve d’une détermination inouïe pour mettre un terme aux abus d’un dictateur sanguinaire. Le mot d’ordre semble franchir les frontières des sociétés arabes avec une facilité déconcertante. Les régimes en place ont beau couper les communications de toutes sortes, la fièvre se transmet telle une flambée tellurique échappant à tout contrôle. Il est indispensable de comprendre la nature souterraine de ce mouvement qui traverse ces sociétés afin de pouvoir agir en conséquence.
